Le pèlerinage est un acte particulièrement méritoire, un moment de dévotion et de spiritualité particulièrement intense, un moment pour se corriger soi-même et demander le pardon d’Allah. Le pèlerinage à la Mecque, la ville la plus sacrée pour les musulmans, est obligatoire pour tous les musulmans qui en ont les capacités physique et financière, au moins une fois dans leur vie. Le Hadj est un immense rassemblement qui donne conscience que tous les musulmans sont égaux et qu’ils méritent leur amour et leur sympathie, quelles que soient leur race ou leur origine ethnique. Cette harmonie raciale, que l’on retrouve au Hadj , est très bien racontée par Malcolm X, dans le récit qu’il a livré de son pèlerinage :
« A l’aéroport, chacun des milliers de musulmans qui s’apprêtaient à quitter Djeddah était vêtu de la même façon. Qu’un individu fût roi ou paysan, personne n’aurait su dire. Certaines personnes influentes, que l’on m’a discrètement montrées, étaient vêtues de la même façon que moi. Ainsi vêtus, nous avons commencé à proclamer, par intermittence : «Labbayk Allahoumma Labbayk !» (À ton service, ô mon Seigneur!). Dans l’avion, il y avait des blancs, des noirs, des basanés, des rouges et des jaunes, des yeux bleus et des cheveux blonds et mes cheveux rouges frisés… Tous ensemble, tous des frères ! Nous adorions tous le même Dieu et nous nous accordions le même respect les uns les autres…
C’est à ce moment que j’ai commencé à réévaluer l’homme blanc ; que j’ai commencé à comprendre que l’expression «homme blanc» ne faisait référence à la couleur de la peau que de façon secondaire et qu’elle décrivait, d’abord et avant tout, des attitudes et des actes. Aux États-Unis, «homme blanc» faisait référence à des attitudes et à des actes particuliers dirigés contre l’homme noir ou contre tous les hommes qui ne sont pas blancs. Mais dans le monde musulman, je découvrais que les hommes à peau blanche étaient plus fraternels que toutes les personnes que j’avais pu rencontrer dans ma vie. Ce matin-là a marqué le début d’un changement radical dans ma façon de percevoir «l’homme blanc».
Il y avait des dizaines de milliers de pèlerins, provenant des quatre coins du monde. Ils étaient de toutes les couleurs, des blonds aux yeux bleus jusqu’aux Africains à la peau noire. Mais nous participions tous au même rituel, dans un esprit d’unité et de fraternité que mes expériences, aux États-Unis, m’avaient amené à croire qu’il ne pourrait jamais exister entre les blancs et les noirs… L’Amérique a besoin de comprendre l’Islam, car c’est l’unique religion qui peut faire disparaître de sa société les problèmes de racisme. Tout au long de mes voyages, dans le monde musulman, j’ai rencontré, discuté et même mangé avec des gens qu’on aurait, aux États-Unis, considérés comme «blancs» ; mais «l’attitude de blanc» était absente, chez eux, car l’islam prenait toute la place dans leur cœur. Jamais auparavant je n’avais vu une fraternité sincère et vraie réunissant des gens de toutes les couleurs.»
Ainsi, le pèlerinage unit les musulmans du monde en une grande fraternité internationale. Plus de deux millions de personnes accomplissent chaque année le Hadj , qui agit comme force en unifiant, en islam, en rassemblant, dans l’adoration, des fidèles provenant de toutes sortes de milieux. Dans certaines sociétés musulmanes, une fois qu’un croyant a accompli le pèlerinage, il se fait souvent appeler «Hadj i». C’est là, cependant, une pratique culturelle et non religieuse. Enfin, le Hadj est une manifestation de la croyance en l’unicité d’Allah en ce sens que tous les pèlerins obéissent aux commandements du seul et unique Allah et qu’ils n’adorent que Lui.
A certains postes, sur les routes de caravanes menant à La Mecque ou lorsque le pèlerin dépasse le point le plus près de ces postes, il entre dans un état de pureté appelé Ihram. Lorsqu’il est dans cet état, certains actes quotidiens «normaux» lui deviennent interdits, comme par exemple se couvrir la tête, se couper les ongles ou porter des vêtements réguliers, pour les hommes. En effet, les hommes doivent retirer leurs vêtements réguliers et revêtir un vêtement spécial pour entrer en état d’Ihram, soit deux longues pièces de tissu blanc sans coutures, drapées autour du corps. Tout cela contribue à donner un caractère saint et respectueux au pèlerinage, à la cité de La Mecque et au mois de Dhoul Al-Hidja.
Il y a cinq postes : un sur les plaines côtières au nord-ouest de La Mecque, vers l’Égypte, un au sud, en direction du Yémen, et trois au nord ou vers l’est, en direction de Médine, de l’Irak et d’al-Najd.
Le vêtement d’une grande simplicité porté par les pèlerins représente l’égalité de tous les hommes devant Dieu et le renoncement à l’amour des choses d’ici-bas. Après être entré en état d’Ihram, le pèlerin se dirige vers La Mecque, où il attend le début du Hadj. Le 7ème jour de Dhoul Al-Hidja, on rappelle leurs devoirs aux pèlerins et lorsque commence le rituel, qui a lieu entre le 8ème et le 12ème jour du mois, ils se rendent aux lieux saints à l’extérieur de La Mecque, ‘Arafat, Mouzdalifa et Mina, et sacrifient chacun un animal en commémoration du sacrifice d’Ibrahim sur lui la paix. Puis, le pèlerin raccourcit ou rase ses cheveux et, après avoir jeté sept pierres sur des piliers situés à Mina durant trois ou quatre jours successifs, il se dirige vers la Grande Mosquée où il fait sept fois le tour du sanctuaire sacré ou Kaâba, avant de faire sept fois l’aller-retour, à pas rapides, entre les deux collines, c’est-à-dire le mont Safa et le mont Marwa. La discussion détaillée de la signification historique et spirituelle de chacun de ces rites n’entre pas dans le cadre de cet article d’introduction.
A part le Hadj , il y a également le «petit pèlerinage» ou Omra, qui peut être accompli durant le reste de l’année. Accomplir la Omra ne décharge pas une personne de l’obligation d’accomplir le Hadj . La Omra est similaire au Hadj et les pèlerins ont le choix de l’accomplir soit séparément soit combinée au Hadj . Comme pour le Hadj , le pèlerin doit entrer en état d’Ihram avant de commencer la Omra. Il entre à La Mecque et fait sept fois le tour de la Kaâba. Il touche la pierre noire, s’il le peut, prie derrière le Maqam Ibrahim et boit de l’eau de la source de Zamzam. Il accomplit les allers-retours entre les deux collines de Safa et Marwa sept fois et se raccourcit ou se rase des cheveux.
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